Le Cymbalum mundi est un livre drôle et énigmatique publié anonymement à Paris en 1537, puis à Lyon en 1538. Ce recueil de dialogues satiriques a toutefois très vite été examiné et « supprimé » à la suite de l’intervention exceptionnelle du roi François Ier.
Un seul exemplaire de l’édition parisienne du livre, conservé précieusement à la Bibliothèque municipale de Versailles, a survécu à la destruction. Disparue de la circulation pendant plus de 150 ans, cette étonnante « cymbale du monde » s’est remise pourtant à tinter aux oreilles des amoureux de la littérature et des livres avec plusieurs nouvelles éditions publiées aux 18e, 19e et 20e siècles. Les spécialistes débattent de sa signification avec passion depuis près de cinq siècles : plusieurs croient qu’il s’agit du premier texte athée de la littérature française, alors que d’autres y voient un texte parfaitement catholique ou encore un ouvrage marqué par diverses formes, plus ou moins libertines, de spiritualité évangéliqueCe terme, employé aujourd'hui pour désigner des dénominations protestantes, désigne – dans la France du seizième siècle – une conception du christianisme qui se situe entre l'orthodoxie catholique dominante et le protestantisme de la Réforme. Inspiré par la "devotio moderna", le souci de revenir au texte des Évangiles et une spiritualité plus personnelle (à tendance parfois mystique), l'évangélisme (auquel on a notamment associé Marguerite de Navarre et Rabelais) avait l'espoir de réformer l'Église de Note complète.
Tous s’accordent cependant pour y voir un chef-d’œuvre réjouissant et riche en signification, bien au-delà de ces interprétations religieuses. La présente adaptation en français moderneUne première version en français moderne du Cymbalum mundi a été proposée en 2002 par Laurent Calvié dans un livre aujourd'hui épuisé (mais toujours disponible en format électronique): Bonaventure des Périers, Cymbalum mundi, suivi de « Bonaventure Des Périers » par Charles Nodier, adaptation en français moderne, préface, notes et dictionnaire par Laurent Calvié, Anacharsis, Toulouse, 2002. Note complète du texte original – accompagnée d’annotations, de documents explicatifs et de bibliographies – souhaite faire entendre la joyeuse musique de la Cymbale du monde aux lectrices et aux lecteurs du 21e siècle qui prendront plaisir à lire ces dialogues mettant en scène des dieux trop humains (le rusé MercurePersonnage principal de ces dialogues, Mercure, équivalent romain du Hermès grec, est d’abord le « messager » des dieux, mais il est aussi le dieu du commerce, des voyages, de la communication, de l’éloquence… ainsi que de la ruse, du mensonge et des voleurs! Il faut savoir cependant que plusieurs commentateurs pensent que ce dieu ici descendu sur terre pour faire relier le livre de son père Jupiter pourrait également représenter Jésus-Christ, ce qui donnerait évidemment une toute Note complète surtout), des humains pas très divins et des animaux fort bavards (le livre se termine par un dialogue entre deux chiens!).
Ces étranges personnages tiennent des propos comiques sur des questions sérieuses – l’abus de pouvoir, les inégalités sociales, le mensonge, l’appétit pour la gloire, la violence dogmatique de la religion, les mauvais traitements infligés aux animaux, la polarisation sectaire, les « fausses nouvelles », le refus du dialogue… – qui paraissent d’une troublante actualité près de cinq siècles plus tard.
Publiée alors que s’ouvrait la parenthèse Gutenberg, cette courte période de l’histoire de l’humanité dominée par le livre et les médias imprimés, le Cymbalum mundi résonne à nouveau au seuil de l’ère numérique, alors que cette même parenthèse semble en voie de se refermer.
Quels messages cherche-t-elle donc à nous transmettre?
LISEZ pour mieux voir… et entendre!

Mercure, messager des dieux.
Gravure de François Perrier, d’après Raphaël, c. 1625-1645